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Covid-19 et état d’urgence sanitaire au Congo Brazzaville : les droits humains malmenés

Covid-19 et état d’urgence sanitaire au Congo Brazzaville : les droits humains malmenés

Depuis le mois de mars dernier, le gouvernement de la république  du Congo prend un certain nombre d’initiatives en guise des barrières à la propagation, sur l’ensemble du territoire national, de la pandémie Covid-19[i], qui ne cesse de décimer de façon croissante, des vies humaines dans le monde entier.

Quoique restrictives des droits et libertés des citoyens, l’ensemble de la communauté nationale a salué[ii] ces mesures en ce qu’elles dénotent de la volonté du gouvernement de la république d’œuvrer pour la garanti et la protection du droit à la santé[iii], et de façon transversale du droit à la vie et du bien-être des populations face à la pandémie Covid-19.

Cependant, parmi ces mesures, la mise en œuvre de deux interpelle les défenseurs des droits humains : le couvre-feu et le confinement, dont la mise en œuvre a permis le déploiement massif du personnel des forces de l’ordre avec à  l’appui, leur arsenal de guerre.

Au regard des faits observés et collectés les 20 premiers jours de mise en œuvre de ces mesures, il est à craindre que l’état d’urgence sanitaire décrété ne serve de prétexte pour créer à nouveau un climat propice aux violations massives des droits humains.

En effet, à l’annonce de l’état d’urgence avec en toile de fond le couvre-feu et le confinement, une peur panique a gagné beaucoup des congolais, comme si une guerre du genre déjà vécue[iv] devrait commencer. Les aéroports, gares ferroviaires et routières furent pris d’assaut par les populations qui quittaient les deux grandes villes (Brazzaville et Pointe Noire) pour se réfugier dans les villages et petits centre urbains comme si ces localités n’étaient pas concernés par l’état d’urgence et le confinement.

Cette attitude peut s’expliquer par les faits qui marquent l’histoire politique récente de la République du Congo. En plus de deux décennies, et à plusieurs reprises, des malentendus politiques  ont pris des formes violentes, faisant des paisibles populations congolaises, des victimes des guerres internes[v] opposants les forces armées aux combattants affiliés aux partis politiques, laissant aux populations innocentes  des blessures physiques et psychologiques qui se ravivent au contact de ceux qu’elles considèrent comme leurs bourreaux : les agents des forces de l’ordre et les ex- combattants  des partis politiques. Si ces deux « bourreaux de la population se réconcilient[vi] toujours après leurs forfaits autour des cérémonies festives accompagner des programmes de réinsertions sociale et  économique des ex-combattants[vii] et de port de galons supérieurs pour les agents des forces de l’ordre, les populations congolaises victimes de violations des droits humains n’ont reçu ni  de la part des forces armées, ni de la part des ex-combattants, même de simples excuses en guise de reconnaissance des peines de tous genres infligées à elles par d’une part les forces armées et d’autre part par les ex-combattants.[viii]

Ainsi, pendant les 20 premiers jours de l’état d’urgence et du confinement, il a été noté quelques préoccupations sur les droits l’homme, notamment sur l’exercice des services dits « non essentiels » (1), sur l’interdiction de circulation (2), sur l’accès à l’eau potable (3), sur l’accès à l’hôpital (4).

Sur l’exercice des services dits « non essentiels » :

L’état d’urgence et le confinement exige que ceux qui  exercent des services dits « non essentiels » doivent rester chez eux. Or la majorité de la population congolaise exerce des activités dites « non essentielles ». À l’instar des congolais qui exercent dans les services de fourniture des denrées alimentaires qui ont le droit d’exercer leurs activités. Tous les  autres travailleurs et qui sont majoritaires dans l’informel et  qui vivent au quotidien grâce à l’exercice de leur travail, sont plongés dans la misère totale, soufrant de la faim.

Ceux qui ont pris le risque de travailler chez eux ou ailleurs, sont  flagellés menottés et  incarcérés. Les malchanceux peuvent trouver la mort.  Monsieur Bantsimba Florent communément appelé Vieux KADOL qui a été arrêté menotté trainé sur 3 kilomètres le lundi 13 Avril 2020 au quartier la Bled à la Cité des 17, parce que surpris en train de réparer un poste téléviseur dans son atelier sis à son domicile.

 

2)- Sur l’interdiction de circulation :

 

Le 18 avril 2020 les éléments de la patrouille mixte police gendarmerie après avoir arrêté Monsieur  OPFI Samson Venceslas un taximan conduisant un taxi moto à Djambala dans le département des plateaux alors qu’il  transportait un client sur son taxi moto,  à la suite d’une course poursuite l’on roué de coups provoquant de blessures jusqu’à ce que mort s’en suive.

 

3)- Sur l’accès à l’eau potable :

Au quartier Plateau des 15 ans à Brazzaville, après avoir manqué d’eau potable dans les fontaines  pendant deux jours successifs, le 8 avril 2020 l’eau à commencer à couler dans certaines zones du quartier. Pour en avoir il faillait pour ceux dont les fontaines ne donnaient pas d’eau, se déplacer vers d’autres parcelles voisines. Plusieurs personnes ont été arrêtées transportant de l’eau potable dans les récipients. C’est le cas de Madame Nzonzi Adelaide arrêtée le 8 avril 2020 à 21 heures  avec 2 bidons de 25 litres qu’elle s’empressait à transporter  pour alimenter en eau potable sa maison.

 

4)- sur l’accès à l’hôpital :

Le 15 avril 2020, après avoir attendu en vain l’autorisation de circulation que les Mairies doivent délivrer avec une ampliation de la police,  Monsieur OKANA Jean De Dieu a perdu sa femme et son bébé après avoir  accouché à domicile sans soins.

Ces quelques cas cités ne reflètent pas la totalité des situations qui troublent la jouissance par les paisibles populations congolaises des droits de l’homme en cette période de pandémie Covid-19. Le droit à la santé est un droit de l’homme à part entière. Sa protection et sa garantie ne peuvent remettre en cause la jouissance des autres droits humains.

 

 

 

 

 

 

 

 

[i]  Qu’est-ce qu’un « nouveau » coronavirus ? Un nouveau coronavirus (CoV) est une nouvelle souche de coronavirus. D’abord appelée « nouveau coronavirus 2019 » ou « nCoV-2019 », la maladie provoquée par le nouveau coronavirus identifiée pour la première fois à Wuhan, en Chine, a été rebaptisée « maladie à coronavirus 2019 » (COVID-19) – « CO » pour corona, « VI » pour virus et « D » pour maladie en anglais.

Le virus du COVID-19 est un nouveau virus de la même famille que d’autres virus tels que le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et certains types de rhumes courants. https://www.unicef.org/wca/fr/coronavirus-cest-quoi

[ii] Les partis et associations politique, la conférence épiscopale du Congo la société civile congolaise en générale ont relayé les instructions du gouvernement témoignant de leur adhésion

[iii] Le droit à la santé est étroitement lié à de nombreux autres droits humains, dont le droit à l'alimentation, à l'eau, au logement, au travail, à l'éducation, à la vie, à la non-discrimination, au respect de la vie privée, l'accès à l'information, l'interdiction de la torture, entre autres.  

[iv] En 1993-1994, dans l'été 1997, puis fin 1998, trois sanglantes « guerres des milices » accompagnées de pillages et de violences criminelles de plus en plus systématiques ont d’abord ravagé la capitale congolaise avant de se propager dans les régions sud du pays, aiguisant des tensions ethnorégionales latentes manipulées par les chefs de partis politiques. https://books.openedition.org/psorbonne/31126?lang=fr

[vi] https://reliefweb.int/report/congo/signature-dun-accord-de-cessez-le-feu-entre-le-gouvernement-et-ntumi

[vii] https://reliefweb.int/report/congo/congo-le-programme-ddr-des-r%C3%A9sultats-en-demi-teinte

[viii]  La pratique du pardon permet de réduire la colère, la dépression, l’angoisse, l’anxiété, Parallèlement, elle mène à des sentiments d’espoir, de paix  de compassion et de confiance. https://psycho-therapie-toulouse.fr/la-pratique-du-pardon/

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